Affaiblissement des liens sociaux def

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Notion de SES | Dernière mise à jour : 19/08/2021

Lexique

Le lien social désigne l'ensemble des relations qui unissent des individus faisant partie d'un même groupe social et/ou qui établissent des règles sociales entre individus ou groupes sociaux différents.

Définition

Le lien social désigne l'ensemble des relations qui unissent des individus faisant partie d'un même groupe social et/ou qui établissent des règles sociales entre individus ou groupes sociaux différents. Quand on utilise l'expression au pluriel, on pense aux relations sociales concrètes dont le lien social est tissé.

Remarques :

  • les liens sociaux permettent d'assurer la cohésion sociale et l'intégration des individus, soit par le partage de valeurs communes soit par la reconnaissance sociale des différences lors de l'établissement des règles sociales.
  • les liens sociaux permettent aux individus d'acquérir une identité sociale.

Enjeux

La notion de lien social est souvent utilisée de manière floue ce qui amène à déboucher sur des analyses parfois radicales de l'évolution de la société. D'un côté, la société serait perçue comme totalement permissive : la restauration du lien social passerait d'abord par le respect des règles collectives et devrait prendre la forme d'une légitimité renforcée par l'autorité. D'un autre côté, la société actuelle serait perçue comme porteuse d'un nouveau « contrat social » adaptée à l'individualisme croissant qui prendrait la forme de relations sociales de proximité, interpersonnelles, associatives, etc., et qui déboucherait sur de nouvelles formes de solidarité et de vie collective (définies localement et démocratiquement).

Ces discussions sont à relier à celles portant sur l'intégration (voir cette notion). Remarquons que si l'on utilise de manière plus rigoureuse la notion de lien social, il est bien rare de trouver des individus ou des groupes sociaux complètement dénués de liens sociaux. La rupture du lien social est chose rarissime (et gravissime !).

Indicateurs

Il n'y a pas d'indicateurs permettant de mesurer directement la présence ou la force des liens sociaux. Certains indicateurs statistiques peuvent être utilisés comme indiquant une évolution des liens sociaux dans certains domaines des activités sociales :

  • Famille : formation et dissolution des couple, taille de la famille, etc.
  • Associations : créations/disparitions, nombre d'adhérents
  • Religion : pratiques religieuses anciennes et nouvelles
  • Travail : nombre d'emplois précaires, de chômeurs
  • Délits : évolution de la délinquance et de la criminalité

etc.

Tendances

On parle souvent de crise du lien social, et cela pour trois raisons au moins :

  • le déclin de l'autorité (policiers, parents, enseignants, etc).
  • l'existence de « ratés » lors du processus de socialisation (faiblesse des liens familiaux, des liens de voisinage etc).
  • la difficulté à établir de nouvelles règles de vie commune du fait de l'individualisme croissant (monde du travail par exemple).

Cependant, de nouvelles formes de liens sociaux, moins verticaux et plus horizontaux (entre individus se considérant comme égaux, par des relations interpersonnelles), d'où des règles plus souples, moins institutionnalisées mais qui existent néanmoins, apparaissent cependant et peuvent être efficaces. Peut-on parler cependant de liens sociaux si ceux-ci sont peu durables, peu institutionnalisés ? Peuvent-ils permettre l'intégration de tous et l'acquisition d'une identité sociale ?

Erreurs Fréquentes

  • confondre "le" lien social et "les" liens sociaux : certains liens sociaux peuvent être affaiblis ou rompus, sans que le lien social n'ait complètement disparu.
  • utiliser de manière très floue la notion (comme on l'a vu plus haut).

Affaiblissement des liens sociaux def

Affaiblissement des liens sociaux def

     Qu’est‑ce que le lien social ?

 

   Les sociologues savent que la vie en société place tout être humain dès sa naissance dans une relation d'interdépendance avec les autres et que la solidarité constitue à tous les stades de la socialisation le socle de ce que l'on pourrait appeler l'homo-sociologicus. Par homo-sociologicus, j'entends l'homme lié aux autres et à la société non seulement pour assurer sa protection face aux aléas de la vie, mais aussi pour satisfaire son besoin vital de reconnaissance, source de son identité et de son existence en tant qu'homme...
       
Dans les sociétés rurales, par définition plus traditionnelles, les solidarités se développent essentiellement à l'échelon de la famille élargie. Liés à la famille pour leur protection, les individus le sont aussi pour leur reconnaissance, l'identité familiale étant alors le fondement de l'intégration sociale. Dans les sociétés modernes, les modèles institutionnels de la reconnaissance se sont individualisés, ils se fondent davantage sur des traits individuels que sur des traits collectifs. C'est moins le groupe en tant que tel qui fonde l'identité que la juxtaposition de groupes différents – ou de cercles sociaux – qui s'entrecroisent de façon unique en chaque individu. Il s'agit d'un processus historique qui place chaque individu dans une plus grande autonomie apparente par rapport aux groupes auxquels il est lié, mais qui l'oblige à se définir lui-même en fonction du regard d'autrui porté sur lui...
         
En partant des deux sources du lien social que sont la protection et la reconnaissance, j'ai proposé de distinguer quatre grands types de liens sociaux : le lien de filiation, le lien de participation élective, le lien de participation organique et le lien de citoyenneté.
    Le lien de filiation recouvre deux formes différentes. Celle à laquelle on pense en priorité renvoie à la consanguinité, c'est-à-dire à la filiation dite «naturelle».... Il contribue à l'équilibre de l'individu dès sa naissance puisqu'il lui assure à la fois protection (soins physiques) et reconnaissance (sécurité affective).
   
Le lien de participation élective relève de la socialisation extra-familiale au cours de laquelle l'individu entre en contact avec d'autres individus qu'il apprend à connaître dans le cadre de groupes divers et d'institutions.
    Le lien de participation organique se distingue du précédent en ce qu'il se caractérise par l'apprentissage et l'exercice d'une fonction déterminée dans l'organisation du travail. 
    
Enfin, le lien de citoyenneté repose sur le principe de l'appartenance à une nation. Dans son principe, la nation reconnaît à ses membres des droits et des devoirs et en fait des citoyens à part entière.

                   Le lien social : entretien avec Serge Paugam   06/07/2012
                            

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                 La notion de société désigne un ensemble d’êtres humains entretenant des relations sociales (familiales, amicales, commerciales, professionnelles, etc.) et reconnaissant des valeurs communes, nées en partie d’une histoire partagée. Une société s’organise autour d’institutions politiques, juridiques et économiques, mais aussi autour du sentiment d’appartenir à une communauté. Jamais figées dans le temps, ces valeurs et ces institutions évoluent sans cesse, faisant d’une société une entité vivante.

 Le lien social désigne l’ensemble des relations de toute nature (politique, économique, culturelle), qui relient les individus dans leur vie sociale et quotidienne, assurant ainsi l’unité d’une société, sa cohésion sociale. Le lien social est, au sens général, ce qui construit et renforce la capacité de vivre-ensemble au sein d’une même société.
 Plus précisément, il peut désigner, la solidarité sociale et recouvrir les normes et valeurs communes ainsi que les manières dont les individus sont interdépendants.
Toute société intègre les individus par le partage de normes, de valeurs, de rôles sociaux et de pratiques en commun. L’intégration sociale suppose un sentiment d’appartenance au groupe qui permet aux individus de développer la coopération, la participation aux activités de celui-ci (économiques, politiques) et l’évolution des règles de la société.
L’intégration sociale s’oppose à tout ce qui fragilise et rompt le lien social et tend à diviser une société en des groupes antagonistes et les groupes en individus isolés et désolidarisés. 
​Essentiels dans la vie individuelle et sociale, ces liens rattachent un individu aux autres et lui assurent certaines protections face aux différents risques et accidents de la vie. Ils se construisent au sein d’institutions telles que la famille, l’école ou le travail qui transmettent des pratiques et des valeurs communes et renforcent la cohésion de la société.

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   La famille est la première instance de socialisation : c’est le premier groupe social auquel appartient un individu. On naît dans une famille et, le plus souvent, on en recrée une autour de soi au cours de sa vie. La famille a toujours évolué avec le temps, en fonction des normes des différentes époques : aujourd’hui encore, elle ne cesse de se redéfinir.
La famille se désinstitutionnalise. En d’autres termes, elle est moins encadrée par des règles et des normes strictes, les relations familiales (notamment les règles d’alliance) sont plus souples. La famille est aujourd’hui plus souple, plus individualisée.
Ainsi, on constate une diminution du nombre de mariages depuis les années 1960, et un développement de l’union libre. On assiste en conséquence à une augmentation des naissances hors-mariage.
On constate également une augmentation des divorces depuis les années 1970 (taux de divorce : 45,1 % en 2008).
Enfin, on assiste la multiplication des formes familiales, conséquence le plus souvent de la montée des divorces : familles monoparentales (8 % des ménages en 2009), familles recomposées (à peu près la même proportion des ménages).
Toutes ces transformations sont à mettre en relation avec la montée de l’individualisme 
on peut ajouter une réduction de la taille des familles (puisque le nombre d’enfants par femme a diminué depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale) et une mobilité géographique qui amène à un éloignement plus grand des membres de la famille au sens large.

La solidarité familiale peut se trouver réduite par la diminution de la taille et l’éloignement géographique consécutif à la mobilité.
Les liens familiaux sont plus fragiles. Du fait de sa désinstitutionnalisation, les relations conjugales sont plus fragiles.Par exemple, les familles monoparentales connaissent un risque d’exclusion plus important que les autres, du fait de la précarité de leur situation et de la faiblesse des revenus dont elles disposent. 
Enfin, le contrôle social exercé par la famille est moins fort..
.D’autant que l’autorité est moins bien acceptée, tant par les parents que par les enfants eux-mêmes. La notion d’épanouissement personnel est beaucoup plus forte. En fin de compte, c’est la transmission même de normes et de valeurs communes, au cœur de l’intégration, qui est plus difficile au sein de la famille.

    Le travail au cœur de l’intégration

 
 Le travail est souvent réduit au seul apport de revenu. C’est une dimension importante de sa fonction intégratrice, dans la mesure où le revenu permet la participation à la société de consommation (pouvoir d’achat, accès au crédit), et donc l’intégration économique.
 
 Le travail donne aussi et surtout un statut et une identité aux individus. Cette identité est fondée sur l’appartenance à un groupe socioprofessionnel, et à une communauté de travail. Le travail est aussi la source de nombreuses relations sociales.
  
 le travail est ce qui permet d’accéder à la citoyenneté sociale, c’est-à-dire qui permet de bénéficier des droits et des devoirs qu’impliquent le système de protection sociale.

Les transformations du travail et de l’emploi menacent son rôle intégrateur
 

 Le travail et l’emploi connaissent de nombreuses mutations depuis les années 1980, et notamment une raréfaction des emplois au regard de la population active, qui se traduit par une montée du chômage, et ensuite une précarisation croissante des emplois, conséquence de la recherche de flexibilité par les entreprises.
Le chômage touche aujourd’hui un peu plus de 10 % de la population active. 
Le chômage de masse est apparu historiquement dans tous les pays développés avec la « crise » économique qui a suivi les chocs pétroliers de 1974 et 1979. la réalité du chômage reste difficile à quantifier du fait de l’existence  d’un ensemble de situations floues qui sont étroitement liées au chômage mais qui n’apparaissent pas dans les mesures officielles (chômeurs découragés, chômage déguisé, sous-emploi).
Ce qui est notable, au-delà de l’augmentation très forte du chômage au cours des années 1980 et son maintien à un niveau élevé, c’est l’importance croissante du chômage de longue durée (plus d’un an).
 
 Le chômage a de nombreuses conséquences pour les personnes qui sont touchées. Il y a bien sûr la perte de revenu . Mais le chômage n’a pas que des répercussions économiques. Il s’accompagne souvent de ruptures familiales (les divorces sont plus fréquents dans les ménages où l’un des membres du couple est au chômage), perte de sociabilité (isolement social, perte des liens sociaux, les collègues de travail, certains amis ...), perte de l’estime de soi (sentiment d’échec, d’inutilité, dépression)...
Le chômage peut donc déboucher sur un processus d’exclusion sociale, qui marginalise l’individu, fragilise son intégration à la société. Il est donc clair que le chômage de masse, et particulièrement le chômage de longue durée sont des facteurs de risque pour le lien social et l’intégration.
  
La montée des emplois atypiques, conséquence du ralentissement de la croissance économique et de la recherche de flexibilité des entreprises est l’autre transformation majeure du travail ces dernières décennies. Dans les emplois atypiques, on recense deux grandes catégories : les emplois à durée limitée (CDD, intérim, travail saisonnier) et les emplois à temps partiel : 

Le développement de l’emploi atypique influe négativement sur la qualité du lien social.
L’identité professionnelle est moins valorisante, elle est plus difficile à construire (changement fréquent d’entreprise, de métier, voire de secteur d’activité). La reconnaissance sociale est moindre, ainsi que l’intégration dans le collectif de travail dans l’entreprise, car le salarié précaire n’est que de passage dans l’entreprise. les emplois précaires s’accompagnent de revenus faibles, Le risque est donc important de basculer dans la pauvreté. C’est le phénomène des « working poors », les « travailleurs pauvres », qui sont aujourd’hui près de 2 millions en France.
    

 lorsque la perte d’emploi se cumule avec d’autres ruptures, notamment familiales (divorce, départ du domicile parental, décès d’un proche...), apparaît un risque de désaffiliation = désigne le processus de fragilisation progressive des liens qui unissent une personne aux autres membres de la société : les relations sociales s’amenuisent, les formes de socialisation s’affaiblissent. Au terme de ce processus se trouve l’exclusion, qui désigne la rupture totale des liens sociaux : l’individu n’a alors plus de place dans la société, il est hors du travail mais aussi hors des réseaux de solidarité et de sociabilité. 

Comment Peut

Les facteurs d'affaiblissement du lien social. Les liens sociaux peuvent s'affaiblir ou se déconstruire. Plusieurs facteurs peuvent mener à l'affaiblissement de la cohésion sociale : les mutations économiques, les transformations sociales, ainsi que les inégalités et la ségrégation.

Qu'est

Quand on parle de crise du lien social, c'est tout d'abord admettre que chacun a un rapport moins évident à lui-même, un rapport moins évident aux autres pour se déterminer, en somme qu'il y a un problème à la fois d'identité personnelle mais aussi de lisibilité de la société.