Comment stopper ses règles avec la glace

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Plusieurs publications Facebook partagées des centaines de milliers de fois depuis mai 2018 listent quatre activités à ne surtout pas faire pendant les menstruations sous peine de développer un "cancer de l'utérus ou la stérilité". "Ne buvez pas de l'eau glacée" et "ne mangez pas de concombres", avance par exemple le texte. Selon deux experts interrogés par l'AFP, tous les conseils prodigués dans cette liste sont sans fondement scientifique.

"S'il vous plaît soyez prudentes (...) si une femme voit ses menstruations (alors) ne faites pas ces 4 choses", alerte le 21 mai 2018 la plus virale de ces publications en français, partagée 231.000 fois.

Un texte relayé à l'identique par d'autres pages facebook francophones (1, 2, 3) et qui circule également en anglais (1, 2), portugais (1, 2, 3, 4, 5, 6), indonésien (1, 2, 3) et espagnol (1,2).

AFP México a interrogé deux gynécologues pour vérifier les recommandations de ces publications. Aucune de ces activités ne sont liées à l'apparition du cancer de l'utérus ou à l'infertilité chez la femme, assurent-ils.

Des recommandations sans "base scientifique"

Faux - "Ne buvez pas de l'eau glacée, de l'eau gazeuse ou de noix de coco pendant les règles"

"Boire ces liquides n'altère pas le cycle hormonal et ne prédispose pas (l'organisme) à développer des maladies liées au système reproducteur féminin", explique la gynécoloque Anaïs Reyes Navarro.

Le gynécologue Kiyoshi Macotela Nakagaki affirme également qu'il n'y a "aucun lien entre la consommation d'eau de coco ou d'eau glacée et ce type de maladie : ni le cancer, ni l'infertilité"

"La recherche prouve que boire de la glace pendant les menstruations peut coaguler le sang menstruel, restant dans la paroi utérine (et) après 5-10 ans peut causer le cancer de l'utérus ou des tumeurs", assure la publication virale.

"Cette affirmation n'a aucune base scientifique", dit Kiyoshi Macotela Nakagaki. 

Faux - "N'appliquez pas de shampooing parce que les pores de la tête sont ouverts pendant les règles et peuvent causer des maux de tête" 

Selon la médecin Anaïs Reyes Navarro, ces maux de tête sont uniquement l'un "des symptômes qui apparaissent pendant les menstruations, causés par les variations hormonales".

En plus des maux de tête, les menstruations peuvent également causer des crampes abdominales, des ballonnements,  une sensibilitée accrue au niveau des seins ainsi que des troubles articulaires, digestifs et musculaires, détaille la gynécologue

Également interrogé sur cette deuxième recommandation, M. Macotela Nakagaki a simplement répondu : "je n'ai pas de commentaire à faire, cela ressemble à une blague"

Faux- "Ne mangez pas de concombres pendant les règles parce que la sève présente dans le concombre peut bloquer certaines règles (pertes de sang) dans la paroi utérine et causer la stérilité". 

"Cela n'a aucun rapport", observe Mme Reyes Navaro au sujet des conséquences supposées de la sève de concombre sur la paroi utérine

De son côté, Kiyoshi Macotela Nakagaki explique que l'infertilité féminine peut avoir des causes diverses "mais la consommation de concombre n'en fait pas partie".

Selon l'Institut américain de la santé infantile (ICH), l'infertilité peut être liée à des problèmes du cycle menstruel, à des anomalies physiques du système reproducteur ou encore à des maladies auto-immunes ou sexuellement transmissibles.

Il existe également des facteurs comportementaux renforçant les risques d'altération de la santé reproductive, comme par exemple le tabagisme, note cette étude de 2012 de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).

Faux - "Votre corps ne doit pas être frappé par des objets durs, en particulier l'abdomen, car (cela) peut provoquer des vomissements de sang, l'utérus peut être blessé. Et (c'est) 'l'origine du cancer de l'utérus'".

L'utérus ne se situe pas dans l'abdomen, mais dans la cavité pelvienne, à hauteur du bassin, rappelle le gynécologue Macotela Nakagaki. 

Pour l'endommager, "il faudrait un accident extrême provoquant une hémorragie interne telle que les soignants soient obligés de retirer certains organes comme l'estomac et l'utérus", ajoute-t-il.

La question du développement d'un cancer ne se poserait alors plus. "L'utérus est entouré d'intestins, de graisse, de muscles et de peau. La seule façon de l'endommager consisterait à infliger une entaille très profonde", commente par ailleurs sa consoeure.

Les médecins Reyes Navarro et Macotela Nakagaki ont par ailleurs tous les deux expliqué à l'AFP qu'il était inexact de parler de "cancer de l'utérus". Dans cette zone de l'appareil reproducteur féminin, il existe deux types de cancers, celui de l'endomètre et celui du col de l'utérus.

Les causes exactes du cancer de l'endomètre sont encore inconnues, mais les facteurs de risque incluent l'obésité et un déséquilibre hormonal, selon l'Association américaine de lutte contre le cancer (American Cancer Society).

L'Organisation panaméricaine de la santé (OPS) indique que le papillomavirus humain (PVH) est la cause principale de cancer du col de l'utérus.

Le frottis vaginal, souvent appelé test de Papanicolaou, permet de dépister un tel virus, mais aussi d'autres types de cancer, comme nous l'écrivions dans cette dépêche.

Traduit de l'espagnol par François D'Astier

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