Quelle est lempreinte carbone dInternet ?

Publié le 23 juin 2015

L’utilisation d’Internet est-elle bonne pour l’environnement ? Aujourd’hui, le Web et les nouvelles technologies digitales font partie intégrante de nos sociétés. À tel point qu’il est aujourd’hui difficile de se passer du net, des moteurs de recherche, et de son ordinateur. Mais quel est l’impact de ces nouvelles pratiques (et d’Internet) sur l’environnement ? La réponse dans notre infographie.

En 1990, à peine quelques millions d’individus sur la planète avaient un accès à Internet. La plupart étaient des grandes entreprises ou organisations qui s’en servaient de moyen de communication professionnelle. Aujourd’hui, près de 3,2 milliards d’individus auraient un accès à Internet, et ce chiffre augmente de près de 10% par an en moyenne. D’après les estimations de l’ONU, en 2020 près de 5 milliards de personnes seront connectées, et la quasi-totalité de la planète devrait avoir un accès régulier à Internet d’ici 2035.

Internet est-il une technologie durable ?

L’utilisation massive d’internet va permettre (et permet déjà) de mener de nombreuses révolutions dans notre mode de vie. Plus besoin ou presque de se déplacer pour faire ses courses, moins d’arbres coupés pour la production de documents papier… Ces changements auront probablement des effets bénéfiques sur l’environnement. Mais à quel prix ?

4 grammes de CO2 émis pour chaque mail envoyé, 7 tonnes de CO2 par jour pour les recherches Google, ou encore l’équivalent d’un Paris-Londres en avion juste pour alimenter son ordinateur portable pendant 1 an… Les chiffres parlent d’eux mêmes : Internet est une source importante de consommation énergétique et donc d’émissions de gaz à effet de serre. Entre la fabrication et l’utilisation du matériel, Internet a une forte empreinte environnementale (pour plus de détails, lire l’article « Quelle est l’empreinte environnementale du Web » sur GreenIT.fr)

Avec l’aide de GreenIT.fr, nous avons compilé pour vous les dernières études qui traitent de cette question. Découvrez, grâce à notre infographie, le coût environnemental de vos clics.

Quel est l’impact environnementale de l’usage d’Internet ?

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Quelle est lempreinte carbone dInternet ?

Comment réduire l’impact carbone d’Internet et du digital ?

Pour réduire cet impact, les professionnels du secteur sont déjà au travail. Des entreprises comme Apple ou Google ont d’ores et déjà fait la transition vers des énergies renouvelables pour alimenter leurs serveurs. Une étude de Greenpeace récente fait d’ailleurs l’état des lieux de l’avancée des entreprises d’Internet en matière de développement durable.

Si l’on veut réellement réduire l’impact de son utilisation d’internet, il faut le faire à chaque étape, de la production à la consommation quotidienne. Cela veut aussi dire réduire l’utilisation de ses e-mails, choisir des vidéos en qualité moindre sur YouTube ou encore éviter de laisser son routeur branché la nuit.

Une problématique que nous aborderons dans un prochain article, où nous partagerons les bonnes pratiques à mettre en place en entreprise et chez soi pour des clics plus green.

Crédit image : Internet et la planète, sur Shutterstock

Dans ce monde complexe qui se dessine devant nous…

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Climat

La pollution numérique désigne toutes les formes de pollution engendrées par le secteur informatique : émissions de gaz à effet de serre, contamination chimique, érosion de la biodiversité, production de déchets électroniques. Le gros de cette pollution a lieu au moment de la fabrication du matériel (et non lorsqu'on les utilise). Lutter contre la pollution numérique c’est donc d’abord utiliser moins d’objets informatiques, et les faire durer plus longtemps.

La pollution engendrée par la fabrication de nos terminaux numériques

Dans l’ère numérique, paradoxalement, plus on « dématérialise », plus on utilise de matière et d’énergie. Prenons un ordinateur portable. Il requiert des dizaines de métaux en provenance du monde entier : du tantale congolais, du lithium bolivien, de l'or australien, des terres rares chinoises. L’extraction de ces minerais est très coûteuse pour l’environnement : elle exige beaucoup d’énergie (fossile), d'eau et de ressources. Cette pollution numérique est souvent invisible depuis la France. On parle de “pollution importée”.

Par exemple, saviez-vous que la production d'un téléviseur exige d'extraire 2,5 tonnes de matières premières, et génère 350 kg de CO₂ ? Autrement dit, avant même d’être utilisé, un téléviseur émet autant de CO₂ que si vous alliez à Marrakech en avion. Et plus on complexifie les équipements, plus on alourdit leur impact sur l’environnement. La fabrication d'un écran 4K de 60 pouces pèsera bien plus lourd sur les écosystèmes qu’un téléviseur de 30 pouces. Pourtant devinez quel modèle les constructeurs vous encouragent à acheter ?

Quelle est lempreinte carbone dInternet ?

 
Sur son site web, l'entreprise Samsung incite les consommateurs à choisir les modèles les plus polluants

 

A cette démesure énergétique, s’ajoutent la pollution des écosystèmes et les drames humains liés à l'activité minière. A l'est de la République Démocratique du Congo, on parle des  "minerais du sang" (tungstène, étain, tantale, or) car leur commerce illégal finance la guerre civile. En Amazonie brésilienne, les rivières des Waimiri-Atroari sont durablement polluées par l'industrie minière de l'étain et du tantale. Dans la région de Baotou, en Chine, l'extraction des terres rares entraîne d'importants rejets toxiques dans l'air, l'eau et les sols.

Quant à la fin de vie de ces équipements, ce n'est pas plus reluisant. Un rapport de l’ONU (2013) évaluait que 75 % des déchets électroniques échappent aux filières légales de recyclage. Ils sont exportés illégalement en Chine, en Inde ou en Afrique, et terminent leur vie dans des immenses décharges à ciel ouvert, comme celle d'Agbogbloshie, au Ghana. Et pour les déchets qui parviennent jusqu’aux filières de recyclage, leur design empêche de récupérer les matières premières. De nombreux métaux des technologies numériques (gallium, germanium, indium, tantale, terres rares) ne sont presque pas recyclés !

Pollution numérique dans une décharge électronique au Nigeria

Décharge électronique au Nigeria. © Kristian Buus / Greenpeace

 

La pollution engendrée par le fonctionnement du réseau internet

Le réseau internet, lui non plus, n’est pas « immatériel » : il est composé d’une multitude d’équipements informatiques (ordinateurs, câbles, antennes, etc.), qui permettent de stocker et de transférer des données (vidéos, photos, emails, pages web, etc.) vers nos terminaux domestiques. Toutes ces technologies numériques doivent être fabriquées et alimentées, générant un coût écologique important.

Le streaming vidéo représente à lui seul 60 % des flux de données sur internet, en raison du poids des fichiers vidéo. Un film comme Pulp Fiction, proposé par Netflix en très haute définition (4K), pèse ainsi autour de 10 giga-octets, soit 300 000 fois plus qu'un email sans pièce-jointe (30 ko). Selon le think tank The Shift Project, la consommation de streaming vidéo (VoD, pornographie, Youtube, réseaux sociaux, etc.) émettrait près de 1% des émissions mondiales de CO₂. C'est moins que l'empreinte carbone liée à la fabrication des terminaux. C'est néanmoins très préoccupant en raison de la croissance galopante du trafic vidéo.

L'empreinte carbone du streaming vidéo est gonflée par l'utilisation importante d'énergies fossiles (gaz et charbon) pour alimenter les centres de données. Si de plus en plus d'entreprises s'engagent vers une énergie 100 % renouvelable, certaines (Amazon, Netflix, Pinterest, Twitter) sont encore à la traîne.

Pollution numérique : Greenpeace demandent aux entreprises du secteur de redoubler leurs efforts

Un dirigeable de Greenpeace survole le siège de Facebook pour dénoncer la pollution numérique.

 

Le déploiement de la 5G risque d’aggraver la pollution numérique

La 5G correspond à la cinquième génération des standards de téléphonie mobile. À volume de données égal la 5G exige moins d’énergie que la 4G. Néanmoins cette efficacité ne compensera pas la forte hausse du volume de données transférées : on s'attend à une augmentation notable de la consommation d'électricité du secteur numérique. Plus préoccupant encore, le déploiement de la 5G nécessitera de nouveaux équipements pour l'infrastructure du réseau 5G et les usages des particuliers, aggravant la pollution numérique.

Selon une étude du Haut Conseil pour le climat (HCC), son déploiement entraînerait ainsi une augmentation de 18 à 45% de l’empreinte carbone du secteur numérique en France d’ici à 2030. Le principal risque : une explosion des nouveaux terminaux numériques (smartphone, casque de réalité virtuelle, objets connectés) afin d'utiliser pleinement la 5G. Le HCC déplore que l’attribution des premières fréquences 5G aux opérateurs téléphoniques se soit faite sans étude d’impact préalable.

La Convention Citoyenne pour le climat avait demandé un moratoire sur le déploiement de la 5G. Le président de la République, Emmanuel Macron, s’était moqué de cette proposition, en caricaturant le “modèle Amish”, qui voudrait “[revenir] à la lampe à huile”. Dans un contexte d’urgence écologique, il paraît pourtant indispensable de mettre en balance les services attendus d’une technologie, avec les coûts environnementaux, sociaux et sanitaires qu’elle induit.

Pour agir en faveur d’un Internet plus respectueux de la planète, voici deux propositions d’action qui peuvent faire la différence.

1. Allonger la durée de vie des équipements informatiques

Les fabricants de terminaux informatiques (ordinateurs, tablettes, smartphone, téléviseurs) misent sur l’obsolescence de leurs produits pour nous encourager à en racheter de nouveaux. Les techniques sont connues : fragilité des objets, coût exorbitant des réparations, indisponibilité des pièces détachées, marketing agressif, etc. Voici quelques conseils pour déjouer ces pièges :

  • Ne cédez pas aux sirènes de la publicité. Tant que votre appareil fonctionne, pas besoin d’en acheter un nouveau. Peut-être qu’un nouveau smartphone vient de sortir, plus beau, plus puissant, plus “cool”, mais en avez-vous vraiment besoin ?
  • Si votre appareil est cassé, essayez de le réparer. Il est peut-être encore sous garantie (même les appareils reconditionnés ont une garantie, renseignez-vous). Autrement, et si la réparation est trop chère, vous pouvez l’apporter à un repair café, où l’on vous accompagnera (gratuitement) pour réparer votre objet.
  • Achetez d’occasion et "low-tech" si vous n’avez aucun autre choix que l’achat. Privilégiez les appareils reconditionnés (moins chers et moins polluants), et choisissez des produits dont la consommation énergétique est la plus faible possible .

Des associations comme HOP (Halte à l’Obsolescence Programmée) agissent pour contraindre les entreprises du secteur à faciliter ces bonnes pratiques. N’hésitez pas à suivre leurs actions et à les soutenir.

2. Vidéos : limiter la très haute définition

Les vidéos en très haute définition aggravent la pollution numérique à deux niveaux : elles incitent à faire l’acquisition d’écrans plus grands et plus complexes (donc plus polluants) et demandent plus d’énergie pour être lues (car plus lourdes). Voici quelques conseils pour déjouer cette course au gigantisme  :

  • Évitez les téléviseurs 4K et 8K. Si votre écran actuel n’est vraiment plus fonctionnel, ou adapté à vos besoins, pourquoi ne pas opter pour un téléviseur standard en reconditionné ? En plus ce sera moins cher ;)
  • Adaptez la résolution à votre écran. Si vous regardez un clip sur votre téléphone portable, une résolution de 240p sera sans doute suffisante. Si vous regardez une série sur votre ordinateur portable, 720p devraient faire l’affaire. Il est parfois possible de changer les paramètres par défaut (ex : sur Netflix) pour ne pas avoir à y penser à chaque fois
  • Bloquez la lecture automatique sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, comme sur Youtube, il est possible de désactiver la lecture automatique des vidéos. Ces réseaux cherchent à vous faire regarder le plus de vidéos possible, sans votre consentement explicite. Vous pouvez reprendre le pouvoir.

Si vous faites déjà tout cela contre la pollution numérique...

Voici quelques idées supplémentaires pour celles et ceux qui veulent aller encore plus loin pour limiter la pollution numérique :

  • Refuser les “objets connectés”. Avez-vous vraiment besoin d’un assistant virtuel pour vous aider à éteindre la lumière ou allumer la radio ? D’un réfrigérateur connecté qui vous envoie un email lorsque vous n’avez plus de tofu ? Ces objets, eux-aussi, ont un coût écologique élevé. Ils font aussi peser des risques importants sur votre vie privée.
  • Éteindre votre box internet la nuit et durant vos absences. Ces appareils consomment beaucoup d’électricité, même lorsque vous n’êtes pas en train d’utiliser internet. Leur consommation annuelle se situe entre 150 et 300 kWh, soit autant qu’un grand réfrigérateur !
  • Lutter contre les écrans vidéos publicitaires qui envahissent nos villes. En 2018, il y avait un million de ces écrans en France, générant chacun 350 kg de CO₂ par an. Soit l’équivalent d’un million d’allers-retours Paris-Nice en avion chaque année. Des collectifs existent déjà à Lyon ou à Paris, n’hésitez pas à les contacter pour qu’ils vous aident à monter votre propre campagne.

Et si vous souhaitez agir au quotidien sur d'autres sujets que la pollution numérique, vous pouvez vous inscrire à la newsletter des Mardis verts. Tous les mardis, on décortique l'empreinte écologique d'un objet du quotidien, et on vous donne des idées pour agir à votre échelle 💪.

(Crédits photographiques : © Frank van biemen)

Quelle est l'empreinte carbone des réseaux sociaux ?

📲 Le cas des réseaux sociaux Selon une étude de Greenspector de 2021, poster et consommer du contenu revient à émettre 165,6 gEqCO2 par utilisateur et par jour (soit, 1,4 km effectués en véhicule léger).

Quel est l'impact d'Internet sur l'environnement ?

Quels sont les impacts du numérique ? Le constat est sans appel : le numérique représente 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Et ce chiffre risque de doubler d'ici à 2025. En France, le secteur du numérique représente 2% des émissions de gaz à effet de serre et pourrait atteindre les 7% d'ici 2040.

Qu'est

La pollution numérique du streaming La consommation mondiale de streaming vidéo émet 300 millions de tonnes de CO₂ dans le monde chaque année [16]. Cela correspond à la pollution numérique d'un pays comme l'Espagne ! Regarder une heure de vidéo consomme autant d'électricité qu'un réfrigérateur pendant une année [17].

Comment calculer l'empreinte carbone d'un site web ?

Pour déterminer l'impact écologique d'une page, il faut comptabiliser le nombre de requêtes envoyées au serveur, le poids de la page en octets et le temps de chargement de la page. Ainsi, plus une page est riche en contenu, en médias, en animations… plus elle consomme d'énergie.